Tel est le message d'un éminent spécialiste de l'industrie du bois, Pascal Triboulot, professeur à l'École Supérieure des Sciences et des Technologies des Industries du Bois (ENSTIB, Nancy, France).
De passage au Québec lors de la remise d'un doctorat honorifique par l'Université du Québec à Chicoutimi, Pascal Triboulot nous a accordé une entrevue. Selon lui, l'image de l'industrie du bois est, au Québec, carrément mauvaise, contrairement à la situation qui prévaut en Europe. Une situation paradoxale, compte tenu que l'histoire du peuple québécois se confond à celle de l'exploitation du noble matériau. «Je constate qu'il y a une forme de désamour entre les Québécois et ce qu'ils peuvent tirer de la forêt. Cela me fait penser à un vieux couple qui ne se parle plus. Pourtant, le bois est un matériau renouvelable, qui peut contribuer à faire échec au réchauffement de la planète. Les forêts se regénèrent», dit-il.
La situation est d'autant plus grave que des communautés de régions éloignées dépendent de l'exploitation du bois. «La désespérance est grande au Saguenay», constate-t-il. D'après Pascal Triboulot, cet apparent divorce découle en partie de la prédominance d'un esprit écolo-urbain-naif, qui répugne à l'idée qu'il faut couper des arbres. «Il faudrait un second documentaire de type L'Erreur boréale, pour montrer que la forêt repousse. Il faudrait aussi, pour croire à nouveau à la capacité d'innovation de ce matériau, que les architectes, leurs écoles et les ingénieurs soient prêts à se réinventer», dit-il.Il existe également, poursuit Pascal Triboulot, d'autres stratégies d'actions possibles: la certification des forêts et l'exploitation, par les communautés, de la biomasse forestière.
Article de Jean-François Barbe paru le 1er juin 2009 sur le site Vision durable.com
Un technologue forestier c'est un technicien forestier de formation collégiale (DEC) qui comprend notamment des compétences en cartographie numérique, gestion de personnel, gestion de projet, GPS, photointerprétation, écologie et en langue.